dimanche, octobre 27, 2024

Le Gardien du Temple, La Porte des Ténèbres



L'opus 2 de l'opéra urbain "Le Gardien du Temple, La Porte des Ténèbres", se déroule sur 3 jours, du vendredi 25 au samedi 27 octobre 2024, à Toulouse.



"Ces événements qualifiés de « culturels » et d’« artistiques » ne seraient-ils pas une façon de l’Ennemi* d’accentuer sa mainmise sur l’espace public ainsi que sur les politiques d’urbanisme ?"

*) Soyez sobres, veillez : votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rode autour de vous, cherchant qui il pourra dévorer. King James Bible Be sober, be vigilant; because your adversary the devil, as a roaring lion, walketh about, seeking whom he may devour.

 


Un spectacle aux références spirituelles occultes 


Il est intéressant de noter que les concepteurs de ce projet ont insisté à plusieurs reprises sur sa dimension spirituelle. Ils l’ont fait par une série d’allusions que les journalistes, pas forcément initiés aux choses spirituelles, n’ont pas cru bon de questionner outre mesure. Pourtant, il y a déjà six ans, François Delarozière qualifiait son spectacle de « cérémonie étrange orchestrée par les dieux » au sein de laquelle le Minotaure apparaît comme un archétype de Satan. Plusieurs éléments permettent d’aboutir à cette conclusion. Tout d’abord, il est parlé « des ailes qui seront offertes au Minotaure pour qu’il recouvre ses pouvoirs », et d’autre part, on parle « du temple, arrivant le premier jour par la mer (symbolisée par la Garonne) », mais on prétend ensuite que ces différents attributs lui ont été donnés directement du ciel.

Il suffit pour cela, de se plonger dans le livret du spectacle accessible en ligne sur 
BD-livret.pdf

Il y a là une inversion symbolique occulte : le temple et les ailes que l’on croyait venir d’en-haut (la Jérusalem céleste pour le temple et la réalisation spirituelle pour les ailes) viennent en fait d’en-bas, des profondeurs de la mer, lieu où réside le Léviathan (Serpent de mer ou Serpent Ancien). Le temple divin dont il est question ici, serait en fait un temple diabolique dissimulé, et les ailes angéliques ne seraient rien d’autre que des ailes démoniaques.

A cet égard, les explications fournies par le livret édité par la Compagnie la Machine, viennent aussi corroborer cette interprétation (voir le lien ci-dessus). 

A la page 13 du livret de présentation, le Minotaure s’exprime affirmant que sa « demeure est à l’échelle du monde, ou plutôt : elle est le monde », faisant de lui « Le prince de ce monde ». Ensuite, la deuxième affirmation du Minotaure se fait beaucoup plus belliqueuse puisqu’elle exprime la volonté de régner sur Toulouse sans partage et de réprimer tous ceux qui chercheraient à s’opposer à son autorité : « Mes ailes retrouvées, je punirai ceux qui sur mon chemin fermeront portes et galeries. » (page 14). Le ton est donné, il existerait bel et bien une bataille spirituelle revendiquée dans cet opéra de rue. 

Au-delà du scénario à forte consonance diabolique, c’est aussi l’affiche de présentation du 2ème opus qui interpelle fortement. Celle-ci se présente tout d’abord, sous la forme d’une carte de tarot. S’il s’agit d’un jeu créé au XVe siècle en Italie, le tarot a été depuis de nombreux siècles, détourné vers l’occultisme et l’ésotérisme, notamment pour la cartomancie et la divination. Ce choix iconographique ne découle donc pas du pur hasard mais il vient planter le décor de ce qui suit.

A présent, voici une analyse synthétique des principaux personnages figurant dans ce spectacle.

Le minotaure et le labyrinthe 

Initialement, dans le mythe antique qui lui est associé, le Minotaure est un odieux personnage qui terrorise la population de l’île de Crète. Issu d’une liaison contre nature entre une femme et un taureau, il représente l’homme dominé par ses pulsions instinctives et son nom, peu flatteur, signifie « fléau ». Il est en quelque sorte une incarnation du mal, de la cruauté et de la laideur. Le mythe se termine bien puisque le héros Thésée aidé du fil d’Ariane, réussit à le vaincre au sein du labyrinthe et à soustraire les populations de son emprise maléfique. Aussi, l’Eglise au Moyen-Age, recycla ce mythe pour illustrer l’œuvre de Jésus à la croix. Tel Thésée terrassant le Minotaure, Jésus a réussi à vaincre Satan. Aussi, le chrétien se doit de vaincre son « minotaure intérieur » [son péché] en venant à la Croix.

C’est aussi à partir de ce mythe qu’un évêque fit réaliser dans la nef de la cathédrale de Chartres, un énorme labyrinthe [toujours existant] que les fidèles devaient emprunter à genou pour faire pénitence et comprendre les souffrances qu’avaient enduré le Christ pour eux (au passage, ce parcours douloureux leur prenait au moins 4 heures !!).

Or, dans le cas du spectacle proposé à Toulouse, le spectateur assiste à une inversion du scénario. D’un être maléfique, le Minotaure devient un personnage légitime dont l’autorité doit être restaurée. De symbole de l’emprisonnement, le labyrinthe devient un chemin initiatique vers la liberté que tout être humain se doit d’emprunter, afin de passer de l’ignorance à la connaissance, et de pouvoir devenir comme un dieu.

Mais cela implique de rompre avec toutes les traditions et attaches du passé et d’accepter les idées du monde nouveau. Parmi celles-ci, les concepteurs du Minotaure cherchent à faire de cette « machine vivante » un porte-voix des idées transhumanistes célébrant la fusion entre l’Homme et la machine, entre le biologique et la technologie.

Il y a là quelques éléments de base qui rappelle la doctrine maçonnique qui pousse l’Homme à vouloir chercher la connaissance en dehors de toute transcendance (Parole ou Autorité révélée) avec la fausse promesse prométhéenne qu’il peut choisir d’être qui il veut et de se réinventer autant de fois qu’il le souhaitera. Voir le médaillon V.I.T.R.I.O.L.) : « Visita Interiora Terrae, Rectificando Invenies Occultum Lapidem » (Visite l’intérieur de la terre et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée).

Il convient par ailleurs, de souligner un autre détail troublant qui se trouve sur la machine même du Minotaure sur laquelle sont gravés trois clous, accompagnés d’écritures cunéiformes indéchiffrables. Comme il est de coutume dans la sorcellerie, il s’agit d’un symbolisme inversé.

Normalement, les trois clous représentent dans le christianisme la crucifixion du Christ, mais dans les rituels magiques, les clous désignent le vœu d’assujettir une personne, un objet ou un lieu (Toulouse en l’occurrence), à l’idole, ici représentée par le Minotaure.


Ariane, alliée ou adversaire ?

L’autre personnage qui suscite l’interrogation est le rôle dévolu à Ariane. Normalement, dans le mythe originel, elle est censée aider Thésée à vaincre le Minotaure. Pourtant, dans le spectacle, son rôle se trouve totalement inversé, puisqu’elle devient l’alliée du Gardien du Temple et prend la forme d’une araignée venimeuse. En outre, elle est représentée sur l’affiche de l’Opus 2 avec 7 yeux. Or, cet animal n’a soit que 6 yeux, soit 8, mais jamais 7. Curieuse anatomie !

Serait-ce une contrefaçon de l’Agneau immolé aux 7 yeux que mentionne Apocalypse 5:6 et qui n’est autre qu’une représentation de Jésus-Christ ayant été glorifié et « ayant reçu la plénitude de toute la connaissance » ? Ici, Ariane représenterait l’esprit d’antéchrist prétendant incarner la vraie sagesse afin de guider les âmes lors de leur initiation. Mais la destination conduit jusqu’aux portes des ténèbres…

Lilith et la porte des ténèbres

Enfin, cette galerie de portraits amène à parler de la dernière venue de la famille : Lilith. Démon féminin mentionné dans la littérature juive (le Zohar et le Talmud). Avant toute interprétation, il est intéressant de noter la définition du mot “liyliyth” dans la Bible. Le mot “liyliyth” en hébreu est un hapax, c’est à dire qu’il n’apparaît qu’une seule fois dans la Bible. « Les animaux du désert y rencontreront les chiens sauvages, Et les boucs s’y appelleront les uns les autres ; Là le spectre de la nuit aura sa demeure, Et trouvera son lieu de repos; » (Esaïe 34:14) Spectre de la nuit / démon nocturne est la traduction littéral qui est donnée pour Liyliyth. Lilith apparaît représentée sous les traits d’une créature « tout droit venu de l’enfer » affichant un caractère rebelle, ingénieux au mal et un tempérament impétueux. Mais ce qui est frappant c’est de voir ce que représente spirituellement ce personnage. Sans surprise, voici encore une inversion du récit biblique. En l’occurrence, Lilith est considérée dans le monde occulte comme la « première Eve » issue de la première création. Comme Adam, elle aurait été créée directement de la terre, et non de la côte de ce dernier.

Dans sa colère, elle se rebella contre Dieu en lui reprochant d’avoir donné à l’Homme l’autorité sur sa femme. Et pour cet affront, elle aurait été chassée du jardin d’Eden. Après avoir reçu du Diable des ailes qui lui permirent de se mouvoir où elle voulait, ce dernier lui aurait confié la mission de devenir gardienne des enfers. Elle est aussi présentée comme la première femme féministe ayant osé se lever contre l’ordre patriarcal et contre Dieu lui-même. Certains récits ajouteraient même que Satan aima à se servir de Lilith comme de son jouet pour susciter dans la société l’inimitié entre les hommes et les femmes, et ainsi déstabiliser le noyau familial. En définitive, en faisant déambuler cette Lilith dans les rues de Toulouse, ne serait-ce pas une manière insidieuse d’instaurer dans la ville le règne de cette idole féministe en lui donnant autorité pour agir ?

De manière plus globale, plusieurs détails de l’affiche de l’opus 2 interpellent et questionnent quant au caractère spirituel de cet opéra de rue.



Tout d’abord, le climat de guerre civile et de mort véhiculée par l’affiche (haut de l'affiche). Elle représente notamment les églises emblématiques de la cité en train de brûler (Saint-Sernin, le dôme de la Grave/l’Hôtel Dieu, le clocher des Jacobins). Juste en dessous, des danses macabres dans les enfers sont mises en scène par des squelettes en train de se réjouir du chaos ambiant.

Il est assez facile de déceler dans cette affiche une référence à la doctrine kabbalistique et maçonnique de « l’ordo ab chaos », c’est-à-dire l’idée selon laquelle pour faire advenir le « nouvel ordre », « le nouvel âge » et le [faux] messie, il faut au préalable, faire abonder le chaos sur la Terre. C’est aussi une des bases de la doctrine kabbalistique juive de la « rédemption par le péché ». Pour ces occultistes, l’ange de Lumière (Lucifer) vu comme le messie, n’adviendra qu’une fois que les humains auront fait table rase du passé chrétien et de toutes les valeurs qui s’en réclament.

Cette affiche a suscité également la vive réaction de l’Abbé Simon d’Artigue de l’église de Saint-Aubin. Ce dernier s’est dit surpris de cette « iconographie diabolique » qui tend à « banaliser le mal» et à présenter l’enfer comme un amusement.

Une manifestation soutenue par la municipalité

Pour celles et ceux qui ne verraient dans ce spectacle qu’un choix artistique de mauvais goût ayant échappé à la vigilance des responsables municipaux, ou une coïncidence malheureuse, il n’en n’est rien. Ce spectacle a été voulu par les autorités de la ville de Toulouse. Il a fait l’objet d’une commande municipale, mobilisant des subventions particulièrement onéreuses lors du mandat du précédent maire de Toulouse. Comme le rapportait France 3, en 2018, ce projet artistique a nécessité un investissement total de 25 millions d’euros, dont 2 millions par spectacle, et pas moins de 2,5 millions pour le seul Minotaure. Voté par la précédente municipalité PS de Pierre Cohen, à hauteur de 2,5 millions d’euros, le mastodonte, truffé de technologies, attend depuis cinq ans l’autorisation d’être exploité.

Car le monstre mi-homme mi-taureau a d’abord provoqué des « crispations » chez le nouveau maire LR Jean-Luc Moudenc. « Certes, c’est un bel objet mais c’est un très gros investissement culturel », explique Francis Grass, son adjoint à la culture. Il cite un investissement de 25 millions d’euros au total, dont 5,7 millions de subventions sur dix ans, et 2,2 millions pour le spectacle. « C’est quand même beaucoup d’argent public, il fallait discuter des contreparties et des risques », dit-il à l’AFP, parlant de « discussions assez ardues ». (propos recueillis par France 3 Région) Pour autant, à la tête de sa nouvelle majorité municipale, l’actuel maire de Toulouse ne tarde pas à changer de position, faisant aujourd’hui sien ce projet. « Nous voulons offrir aux Toulousains et aux visiteurs l’occasion de revivre un moment exceptionnel », raconte Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse. Il décide notamment de fondre deux idées en une. Ainsi fut créé « La Piste des Géants » où la mémoire des pionniers de l’Aéropostale côtoie celle des créatures monumentales de la Halle de la Machine.

De même qu’au Moyen-Âge les cathédrales étaient pensées comme des marqueurs spirituels et que leur taille servait à signifier aux passants la puissance qui leur été associée, cette Halle aux dimensions cyclopéennes a été conçue comme une œuvre monumentale parsemée de symboles occultes dont la finalité serait de proclamer une inversion de spiritualité au sein de la ville. Loin de relever d’un véritable divertissement, ce spectacle témoignerait malheureusement d’une réelle intention des organisateurs d’effacer l’héritage chrétien au sens large qui a marqué la ville (voir ci-haut l’histoire du blason de Toulouse), au profit d’une spiritualité d’essence satanique. Comment ? En prenant possession de l’espace public par des processions (défilés religieux) comme cela était de coutume autrefois.

L’un des objectifs de ce divertissement ne serait-il pas le suivant ?


Reconquérir spirituellement le cœur historique de Toulouse en remplaçant le patronage chrétien lié à Saint-Saturnin, par celui du Minotaure, ouvertement diabolique. Jusqu’alors, cette référence au Christ avait été incarnée par la figure de Saint Saturnin 1er, évêque de la ville de Toulouse et mort en martyr vers 250 ap JC. La figure de Saint-Saturnin fut 9 Traduire/Translate utilisée comme le symbole de la victoire de la foi chrétienne sur le paganisme gréco-romain, marquant la fin des rituels occultes (au moins dans la sphère publique). Cette cérémonie ne viendrait-elle pas opérer, sous la forme d’une messe noire, un basculement en débaptisant la ville de Toulouse ?


Il faut savoir qu’il existe des cas similaires qui se sont passés en France, mais aussi à travers le monde. En dehors de toutes les machines énigmatiques qui ont été crées à Nantes au sein de la compagnie Royal Deluxe (berceau des machines de François Delarozière), la Compagnie de la Machine a confectionné une seconde araignée baptisée Kumo, qui est présentée comme la sœur d’Ariane (lesgrigrisdesophie.com). Or, depuis plusieurs années, cette araignée arpente les villes pour escalader des hauts lieux du christianisme, à l’image des cathédrales de Reims où étaient sacrés les rois de France depuis Clovis, et celle de Chartres où a été sacré Henri IV et qui constitue une des plus grandes en Europe.

Ces événements qualifiés de « culturels » et d’« artistiques » ne seraient-ils pas une façon de l’Ennemi d’accentuer sa mainmise sur l’espace public ainsi que sur les politiques d’urbanisme ?