Marie-Pascale Remy et Nicolas Stoquer décryptent ce phénomène sur la chaîne GPTV ACTU.
Dans une deuxième vidéo (en bas de page), Marie-Pascale Remy traite de SATAN EN AMÉRIQUE : L’ANTÉCHRIST ET LE NOUVEL ORDRE MONDIAL.
Rudolf Steiner :
Lorsque l’homme, par la naissance, entre dans l’existence terrestre, il a, du fait qu’il possède un corps physique, non seulement la possibilité de faire exister son âme propre – je vous prie de bien en tenir compte –, mais ce corps physique, l’homme est loin de le connaître entièrement, que de choses ont lieu dans ce corps physique dont l’homme ne sait rien ! Ce n’est que progressivement qu’il découvre, et encore de façon bien insuffisante, par l’anatomie, par la physiologie, ce qui se passe dans ce corps. Si l’on devait attendre pour se nourrir d’avoir compris le processus de la nutrition, les hommes seraient condamnés à mourir de faim ; car il n’est absolument pas pensable que l’on sache quelque chose de ce que les organes ont à faire pour préparer la nourriture destinée à l’organisme.
L’homme entre donc de plain-pied dans ce monde avec son organisme dont il se revêt, sans qu’il atteigne, avec son âme, les profondeurs de cet organisme. En même temps, l’occasion est aussi donnée, peu de temps avant que nous ne naissions – pas très longtemps avant que nous ne naissions –, pour qu’en dehors de notre âme, encore un autre être spirituel prenne possession de notre corps, de la partie subconsciente de notre corps. Cela se passe ainsi : peu de temps avant que nous ne naissions, un autre être spirituel, nous dirions aujourd’hui selon notre terminologie, un être ahrimanien, s’introduit en nous.
Il est tout autant en nous que notre propre âme. Ces entités qui vivent leur vie du fait qu’elles utilisent les hommes eux-mêmes pour pouvoir exister dans la sphère où elles veulent se trouver, ont une intelligence exceptionnellement élevée et une volonté très fortement développée, mais aucune sensibilité, aucune humanité ; elles n’ont pas les forces du cœur humain. – Et nous traversons ainsi la vie en ayant notre âme et un tel double, qui est plus intelligent, beaucoup plus intelligent que nous, mais qui a une intelligence méphistophélique, une intelligence ahrimanienne, et en plus, une volonté ahrimanienne, une volonté très forte, une volonté qui est beaucoup plus proche des forces de la nature que notre volonté humaine, laquelle est régulée par notre cœur.
Au XIX e siècle, la science a découvert que notre système nerveux était parcouru par des forces électriques. Elle avait raison. Mais lorsqu’elle a cru, lorsque les chercheurs croient que la force nerveuse qui fait partie de nous, qui est la base de notre vie mentale, a quoi que ce soit à voir avec des courants électriques, ils ont tort. Car les courants électriques sont les forces qui ont été déposées en nous par cet être que je viens de décrire, ils ne font pas du tout partie de notre être : nous portons effectivement aussi des courants électriques en nous, mais ils sont purement de nature ahrimanienne.
Ces entités hautement intelligentes, mais d’une intelligence purement méphistophélique, et d’une volonté plus apparentée à la nature que cela ne peut être dit de la volonté humaine, ont décidé un jour, de leur propre volonté, de ne pas vouloir vivre dans le monde auquel les dieux pleins de sagesse de la hiérarchie supérieure les avaient destinées à vivre. Pour conquérir la terre, elles ont besoin de corps ; n’ayant pas de corps propre, elles utilisent le corps humain autant qu’elles le peuvent, puisque l’âme humaine ne peut pas complètement remplir le corps humain.
Ces entités peuvent donc, compte tenu de la manière dont se développe le corps humain, s’introduire dans celui-ci à un moment donné avant que la personne ne naisse, et elles nous accompagnent, en restant en dessous du seuil de notre conscience. Il y a une seule chose, dans la vie humaine, quelles ne peuvent absolument pas supporter, c’est la mort. C’est pourquoi elles doivent effectivement toujours quitter le corps humain dans lequel elles s’incrustent, avant qu’il ne soit saisi par la mort. C’est chaque fois de nouveau pour elles une très cruelle déception, car ce qu’elles veulent justement conquérir, c’est de rester dans le corps humain par-delà la mort. Ce serait une haute conquête dans le royaume de ces entités ; mais elles n’y sont pas parvenues pour le moment.
Si le Mystère du Golgotha n’avait pas eu lieu, si le Christ n’était pas passé par le Mystère du Golgotha, il en serait depuis longtemps ainsi sur terre que ces entités auraient acquis la possibilité de rester à l’intérieur de l’homme même après que la mort lui a été karmiquement fixée. Alors elles auraient en tout état de cause emporté la victoire sur l’évolution de l’homme sur terre et seraient devenues les maîtres de cette évolution humaine sur terre.
Il est d’une formidable importance de comprendre ce rapport entre le passage du Christ par le Mystère du Golgotha et ces entités qui veulent conquérir la mort dans la nature humaine, mais ne peuvent pas encore la supporter aujourd’hui ; qui doivent toujours prendre garde à ne pas vivre cette heure à laquelle l’homme a déterminé à l’avance de mourir, qui doivent se garder de conserver son corps, de prolonger la vie de son corps, au-delà de cette heure de la mort.
De cela aussi, dont je parle maintenant, certaines confréries sont au courant depuis longtemps ; elles connaissent très bien ces choses et n’en ont pas fait part à l’humanité – une fois de plus, nous ne voulons pas examiner de quel droit. Aujourd’hui, la situation est telle qu’il est impossible de ne pas munir peu à peu les hommes de telles notions dont ils ont besoin après avoir franchi la porte de la mort. Car tout ce que l’homme vit ici, y compris ce qu’il vit en deçà du seuil de la conscience, il en a besoin après la mort, parce qu’il doit voir rétrospectivement cette vie et que, dans sa vision rétrospective, cette vie doit lui être tout à fait compréhensible, et que c’est la pire des choses s’il ne le peut pas. Mais on n’a pas de concepts suffisants pour comprendre rétrospectivement cette vie si l’on ne peut pas jeter un éclairage sur un être qui prend une telle part à notre vie comme le fait cet être ahrimanien, qui prend possession de nous avant notre naissance, qui est toujours là, et fait son théâtre devant nous, dans le subconscient, si nous ne pouvons pas toujours et encore jeter une lumière sur lui. Car la sagesse devient lumière après la mort.
Or ces êtres sont, en tout état de cause, d’une très grande importance pour la vie humaine, et la connaissance de ces êtres devra peu à peu venir aux hommes, et elle leur viendra. Seulement, elle devra leur venir de la bonne manière ; cette connaissance ne doit pas, par exemple, être seulement répandue dans le monde par ces sociétés occultes qui en font une question de pouvoir et qui veulent, par là, accroître leur propre pouvoir, et elle ne doit surtout pas continuer à être soigneusement protégée pour accroître le pouvoir de certaines confréries qui agissent égoïstement. L’humanité aspire à un savoir universel, et ce savoir doit être diffusé. Car il ne peut plus être salutaire, à l’avenir, que des confréries occultes puissent utiliser de telles choses pour étendre leur pouvoir.
Les hommes devront de plus en plus être gagnés, dans les siècles à venir, par la connaissance de ces entités. Ils devront de plus en plus savoir, dans les siècles à venir, qu’ils portent en eux un tel double, qu’ils portent en eux un double méphistophélique, ahrimanien. Il faut que les hommes le sachent. Il est vrai qu’aujourd’hui, l’être humain développe déjà toute une multitude de concepts, mais qui au fond ne peuvent aboutir, parce que l’homme, malgré tout, ne sait encore rien en faire de juste. L’homme, dis-je, développe aujourd’hui des concepts qui ne pourront être établis sur une base juste qu’à partir du moment où ils seront rapprochés de la réalité qui leur est sous-jacente.
Et ici apparaît quelque chose qu’il faudra vraiment pratiquer à l’avenir, pour que le genre humain n’ait pas à vivre quelque chose de terrible, qui bloquera son développement. Car ce double dont j’ai parlé n’est rien de plus ni de moins que l’instigateur de toutes les maladies physiques qui se manifestent spontanément de l’intérieur, et le connaître pleinement est de la médecine organique. Les maladies qui, spontanément surgissent, non sous l’effet de blessures extérieures, mais de l’intérieur de l’homme, ne proviennent pas de l’âme humaine mais de cet être. Il est le responsable de toutes les maladies qui surgissent spontanément de l’intérieur ; il est l’instigateur de toutes les maladies organiques.
Et un frère de cet être, qui, toutefois, n’est pas de nature ahrimanienne, mais luciférienne, est responsable de toutes les neurasthénies et névroses, de toutes les maladies qui ne sont pas en réalité des maladies, qui sont seulement des maladies nerveuses, comme on dit, des hystéries, etc. De sorte que la médecine doit devenir spirituelle dans deux directions. Que cela est une exigence se voit aujourd’hui – j’en ai parlé à Zurich – au fait qu’apparaissent soudain des façons de voir telles que la psychanalyse, etc., où l’on travaille, certes, avec des entités spirituelles, mais avec des moyens de connaissance insuffisants, de sorte qu’on ne peut absolument rien faire de ces symptômes qui vont de plus en plus faire irruption dans la vie de l’homme. Car certaines choses doivent se produire, et aussi ce qui dans un sens est nocif doit se produire, parce que l’homme doit être exposé à cette nocivité pour la dépasser et justement par là en tirer de la force.
Or, pour comprendre pleinement ces choses, telles que je les ai maintenant évoquées, à savoir que ce double est en réalité l’instigateur de toutes les maladies qui ont un fondement organique, qui ne sont pas simplement fonctionnelles, pour le comprendre pleinement, il faut toutefois en savoir encore beaucoup plus. Il faut savoir, par exemple, que toute notre terre n’est pas ce produit mort comme le pensent aujourd’hui la minéralogie ou la géologie, mais un être vivant. La minéralogie ou la géologie connaissent de la terre autant que l’on connaîtrait de l’homme si l’on ne connaissait que son squelette. Imaginez donc que vous ne seriez jamais capables de voir les hommes à l’aide de quelque sens que ce soit, mais qu’il n’existerait des hommes que des radiographies et que l’on ne connaîtrait, de toute personne que l’on connaît d’un peu près, que le squelette ; vous sauriez alors autant de l’homme que les géologues et la science en général connaissent de la Terre.
Imaginez que vous entriez dans cette pièce et ne verriez de toutes les vénérables personnes réunies ici rien d’autre que leurs os, alors vous auriez autant conscience d’elles que la science a aujourd’hui conscience de la Terre. La Terre, que l’on ne connaît donc qu’en tant que système osseux, est un organisme vivant, et en tant qu’organisme vivant, elle agit sur les êtres qui l’habitent, c’est-à-dire sur les êtres humains eux-mêmes. Et de même que l’homme est différencié en ce qui concerne la répartition de ses organes dans son corps, de même la Terre est elle aussi différenciée en ce qui concerne ce qu’elle développe de manière vivante, du dedans d’elle-même, et par lequel elle influe sur les hommes qui l’habitent. J’imagine que vous êtes conscients du fait que, lorsque vous pensez, ce n’est pas précisément le petit doigt gauche ou le gros orteil droit que vous faites travailler, mais votre tête ; vous le savez parfaitement, vous ne pensez pas avec votre gros orteil, vous pensez avec votre tête.
Les tâches se répartissent donc dans l’organisme humain, il est différencié. De même, notre Terre est elle aussi différenciée. Elle n’est absolument pas un être qui rayonnerait partout la même chose sur ses habitants, mais ce sont des rayonnements très différents qui remontent vers les régions les plus diverses de la terre. Il existe là différentes forces : magnétiques, électriques, mais aussi des forces qui remontent beaucoup plus dans le domaine du vivant et qui influencent l’homme de la manière la plus diversifiée aux différents points de la Terre, c’est-à-dire qui influencent l’homme différemment selon la configuration géographique.
C’est là un fait très important. Car ce que l’homme est tout d’abord au niveau du corps, de l’âme et de l’esprit a en fait peu de rapport direct avec ces forces qui agissent en remontant de l’intérieur de la Terre. Mais le double dont j’ai parlé est dans un rapport privilégié avec ces forces qui affluent de l’intérieur de la Terre. Et indirectement, médiatement, l’homme est, selon son corps, son âme et son esprit, en lien avec la terre et avec ce qu’elle rayonne en ses différents points, du fait que son double entretient les liens les plus intimes avec ce qui en afflue à la surface.
Ces êtres qui, en leur qualité d’entités ahrimaniennes et méphistophéliques, prennent possession de l’homme peu de temps avant qu’il ne naisse, ont des goûts très particuliers selon leur nature. Il en est, parmi ces entités, qui se plaisent particulièrement dans l’hémisphère orientale, en Europe, en Asie, en Afrique ; elles se choisissent des hommes qui naissent là pour utiliser leur corps. D’autres se choisissent des corps qui naissent dans l’hémisphère occidental, en Amérique. Ce dont nous, les hommes, avons une faible réplique sous la forme de la géographie, cela est pour ces entités un principe vivant de leur vécu propre ; c’est en fonction de cela qu’elles établissent leur domicile.
Et vous pouvez prévoir, à partir de là, que l’une des tâches les plus importantes de l’avenir sera de cultiver de nouveau ce qui a été extirpé : la médecine géographique, la géographie médicale. Ce qui, chez Paracelse, a été arraché à l’antique sagesse atavique a été peu cultivé depuis, à cause des conceptions matérialistes ; mais il faudra que cela s’implante de nouveau. Certaines choses ne seront reconnues qu’à partir du moment où l’on apprendra à saisir le rapport qui existe entre l’être qui rend malade en l’homme et la géographie de la Terre, et toutes les fusions, toutes les radiations qui émanent de la Terre, chacune dans des directions différentes. Il est donc important que l’homme acquière la connaissance de ces choses, car sa vie en dépend. Puisqu’il est, par ce double, placé d’une manière très particulière dans cette vie terrestre, et que ce double a élu son domicile en l’homme lui-même.
Tout ceci n’est en fait devenu si important qu’à la cinquième période postatlantéenne et deviendra encore plus important pour les hommes dans un avenir très proche. C’est pourquoi, il faut que soit répandue à présent la science de l’esprit. Et elle revêt maintenant une importance particulière, parce que notre époque actuelle appelle l’homme à se confronter de manière consciente à ces choses, à se mettre de manière consciente en relation avec ces choses. En cette époque qui est la nôtre, l’homme doit devenir assez fort pour régler son existence face à ces entités.
Cette époque a débuté au XV e siècle, car notre période actuelle commence en 1413 ; la quatrième période postatlantéenne, la période gréco-latine, commence en 747 avant le Mystère du Golgotha et dure jusqu’en 1413 : c’est l’époque où se produit une légère coupure, 1413. Depuis cette époque, nous avons la cinquième période postatlantéens, dans laquelle nous vivons, et qui petit à petit seulement, à notre époque, manifeste complètement ses caractéristiques propres, mais elles avaient été préparées depuis le XV e siècle. La quatrième période postatlantéens développa surtout l’âme d’entendement et de sentiment ; maintenant, c’est l’âme de conscience qui se développe dans l’évolution générale de l’humanité. Lorsque l’homme est entré dans cette cinquième période, c’est à sa faiblesse particulière face à ce double que les entités spirituelles dirigeantes ont dû avoir égard.
Si, à l’époque, l’homme avait beaucoup recueilli dans sa conscience de ce qui se rapporte à cette entité du double, il s’en serait trouvé mal, très mal. Déjà durant les siècles qui précédèrent le XIVe , il fallut que les hommes fussent préparés à n’accueillir en eux que très peu de ce qui rappelait ce double d’une manière ou d’une autre. C’est pourquoi la connaissance de ce double, qui existait tout à fait dans les temps anciens, se perdit. Il fallut protéger les hommes pour qu’ils n’accueillissent surtout rien en eux, non seulement qu’ils n’accueillissent pas en eux la théorie sur ce double, mais qu’ils entrassent aussi peu en contact que possible avec des choses qui eussent quoi que ce soit à voir avec ce double.
Cela nécessita un dispositif très particulier. Vous devez essayer de comprendre la chose qui se développa alors : dans les siècles qui précédèrent le XIV e siècle, il fallut protéger les hommes du double ; celui-ci dut progressivement disparaître de l’horizon des hommes et ne fut progressivement admis à y entrer de nouveau que maintenant, où l’homme doit régler sa relation avec lui. Cela nécessita vraiment un dispositif très important, qui ne put être mis en place que de la manière suivante : progressivement, depuis le IXe , Xe siècle, on arrangea la situation de telle façon, en Europe, que les hommes d’Europe perdirent un certain lien qu’ils avaient eu précédemment, un lien qui pour les hommes du VIIe , VIe siècle après J.-C. avait encore été important.
En effet – à partir du IXe siècle, puis de manière très prononcée à partir du XIIe siècle, on suspendit toute la circulation maritime en direction de l’Amérique, telle qu’elle existait à l’époque, avec le type de bateaux que l’on avait. Cela peut vous paraître étrange ! Vous direz : nous n’avons jamais entendu dire une chose pareille dans l’histoire. – Oui, l’histoire est justement à beaucoup d’égards une fable convenue, une légende ; car dans les siècles plus anciens du développement de l’Europe, les bateaux partaient toujours de Norvège, de la Norvège de l’époque, vers l’Amérique. On ne l’appelait évidemment pas l’Amérique.
Elle avait, à l’époque, d’autres noms. En Amérique, on connaissait cette région d’où, en particulier, montaient les forces magnétiques qui mettent l’homme en relation avec ce double. Car les rapports les plus clairs avec le double partent de cette région de la terre qui est couverte par le continent américain ; et dans les siècles plus anciens, on se rendait en Amérique avec les bateaux norvégiens et l’on y étudiait les maladies. Depuis l’Europe, on étudiait en Amérique les maladies produites sous l’influence du magnétisme terrestre. C’est là que doit être recherchée l’origine mystérieuse de l’ancienne médecine européenne. On pouvait observer là-bas les processus que l’on n’aurait pas pu observer en Europe, où les hommes étaient plus sensibles aux influences du double.
Il fallut progressivement – l’essentiel sur ce point fut fait par l’Église catholique romaine avec ses édits – faire tomber dans l’oubli les relations avec l’Amérique. Et c’est seulement après que la cinquième période postatlantéenne eut commencé que l’Amérique fut redécouverte d’une manière physique, sensible. Mais ce n’est qu’une redécouverte, qui toutefois est si importante parce que les puissances qui étaient à l’œuvre ont effectivement réussi à ce que nulle part dans les documents ne soit rapporté grand chose sur les anciennes relations entre l’Europe et l’Amérique.
Et là où quelque chose est rapporté, on ne le reconnaît pas, on ne sait pas que cela se rapporte aux relations entre l’Europe et l’Amérique des temps anciens. Les voyages, quant à eux, étaient plutôt des visites. Que les Européens deviennent eux-mêmes ensuite une part du peuple américain – comme on dit aujourd’hui, où le terme de peuple prête à malentendu en étant confondu avec celui de nation ―, cela ne fut possible qu’après la découverte physique de l’Amérique, après la redécouverte physique de l’Amérique. Auparavant, c’étaient plutôt des visites que l’on effectuait, pour étudier comment, dans ce peuple indien d’une autre nature, le double jouait un rôle très particulier.
L’Europe dut, pendant un certain temps, avant que ne commence à se développer la cinquième période postatlantéennes, être protégée de l’influence du monde occidental. Et c’est cela, l’arrangement si significatif au regard de l’histoire, le dispositif si significatif au regard de l’histoire, qui fut mis en place par les sages puissances cosmiques : il fallut que l’Europe fût protégée un temps contre toutes ces influences, et elle n’aurait pas pu être protégée si l’on n’avait pas, dans les siècles qui précédèrent le XVe siècle, fermé le monde européen, si on ne l’avait pas complètement fermé au monde américain.
Il fallut donc s’efforcer, durant les siècles préliminaires, d’introduire quelque chose dans l’humanité européenne qui tînt compte de sa sensibilité plus fine. Il fallait que l’entendement, qui devait prioritairement s’implanter dans cette cinquième époque postatlantéenne, fût tout particulièrement ménagé quand il apparaîtrait pour la première fois. Ce qu’il y avait à lui révéler devait lui être présenté avec une subtilité particulière. Parfois cette subtilité avait évidemment aussi quelque chose de la subtilité dont on use en éducation, où l’on applique naturellement aussi des moyens punitifs vigoureux. Mais tout ce dont je veux parler ici se rapporte évidemment à des impulsions historiques d’une certaine envergure.
Ainsi, il advint donc que ce furent spécialement des moines irlandais qui, sous l’influence de la pure doctrine chrétienne ésotérique qui se développait là-bas, agirent de telle sorte que l’on reconnut, à Rome, la nécessité de fermer l’Europe à l’hémisphère occidental. Car de l’Irlande, ce mouvement voulut partir répandre le christianisme sur l’Europe, durant les siècles qui précédèrent la cinquième époque postatlantéenne, d’une manière telle que l’on ne fût pas dérangé par ce qui remontait des régions souterraines de l’hémisphère occidental. Il fallait tenir l’Europe dans l’ignorance de toutes les influences de l’hémisphère occidental.
Et l’on est tenté, justement ici à Saint-Gall, de parler une fois de ces circonstances. Car Colomban et son disciple Gall furent des individualités essentielles dans cette grande entreprise d’évangélisation, qui cherchait à rendre efficaces les succès remportés par la christianisation de l’Europe en entourant l’Europe comme de murs spirituels pour ne laisser pénétrer aucune influence venant du côté que j’ai indiqué. Et des individualités telles que Colomban et son disciple Gall, à qui ce lieu-ci doit son origine et son nom, sont celles qui reconnurent avant toutes choses que la délicate plante de la christianisation ne pouvait se répandre en Europe que si l’on entourait l’Europe comme d’une clôture, au sens spirituel.
Oui, il existe derrière le déroulement de l’histoire du monde de profonds secrets, d’une grande importance. Et l’histoire qui est enseignée et apprise dans les écoles n’est encore une fois qu’une fable convenue ; car l’un des faits les plus importants pour la compréhension de l’époque moderne en Europe est que depuis les siècles à partir desquels la christianisation se propagea en Europe en partant de l’Irlande, jusqu’au XII e siècle notamment, l’on travailla aussi à ce que justement les édits papaux réprouvassent peu à peu la navigation entre l’Europe et l’Amérique, et la fissent cesser, de sorte que le lien avec l’Amérique fût totalement oublié par l’Europe.
Il fallait cet oubli pour que les premiers temps au cours desquels devait se préparer en Europe la cinquième période postatlantéenne pussent se dérouler de la bonne manière. Et seulement ensuite, lorsque commença l’époque matérialiste, l’Amérique fut de nouveau redécouverte, comme on le raconte aujourd’hui : à l’ouest – à l’est ; l’Amérique fut redécouverte sous l’influence de la convoitise de l’or, sous l’influence de la culture purement matérialiste avec laquelle l’homme a justement à compter dans la cinquième époque postatlantéenne, et avec laquelle il lui faut se mettre dans le rapport approprié.
Ces choses sont de l’histoire véritable. Et ces choses renseignent, je pense aussi, sur ce qui est véritable. La terre est vraiment quelque chose qu’il faut appeler un être vivant. Selon les différences géographiques, les forces les plus variées affluent vers le haut, depuis les territoires les plus divers. C’est pourquoi les hommes ne doivent pas être séparés selon des territoires, mais accepter les uns des autres ce qui, sur chaque territoire peut être produit de bien et de grand, uniquement là. C’est pourquoi une conception du monde selon la science de l’esprit est soucieuse de créer quelque chose qui puisse vraiment être accepté par toutes les nations de toutes les régions. Car les hommes doivent progresser par l’échange mutuel de leurs biens spirituels. Voilà ce qui importe.
Dans certains territoires, au contraire, se développe très facilement l’aspiration à accroître le pouvoir, le pouvoir et encore le pouvoir. Et ce grand danger que l’évolution de l’humanité moderne se poursuive d’une manière déséquilibrée, ne peut s’apprécier qu’à partir des circonstances concrètes, des vraies circonstances concrètes, lorsqu’on sait comment la terre est un organisme, lorsqu’on sait ce qui se produit en réalité à partir des différents points de la terre. À l’est de l’Europe, cette tendance est comparativement faible, compte tenu seulement de ce qui émane de la terre, car tout ce qui relève du caractère russe, par exemple, est très fortement soudé ensemble, par le sol justement, mais retire du sol des forces très particulières, c’est-à-dire des forces qui ne proviennent pas de la terre.
Le mystère de la géographie russe réside dans le fait que ce que le Russe retire de la terre est en premier lieu la lumière communiquée à la terre, qui repart de la terre. Le Russe n’absorbe donc en fait de la terre que ce qui, depuis les régions extérieures, afflue d’abord vers la terre ; il aime sa terre, mais il l’aime justement pour la raison qu’elle est pour lui un miroir du ciel. Or, de ce fait, le Russe a quelque chose ― aussi important que soit le territoire dans sa relation au monde ―, il a dans ce sentiment pour sa terre – même s’il en est encore aujourd’hui à un stade enfantin – quelque chose d’extraordinairement cosmopolite, parce que la terre, en se déplaçant dans l’espace, entre en relation avec toutes les parties possibles de l’univers environnant.
Et lorsqu’on ne recueille pas en soi ce qui, dans la terre, afflue du bas vers le haut, mais ce qui afflue du haut vers le bas et de nouveau vers le haut, alors c’est autre chose que si l’on recueillait en soi ce qui – émanant directement de la terre – est dans une certaine parenté avec la nature humaine. Ce que le Russe aime dans sa terre, ce dont il s’imprègne, lui donne certaines faiblesses, mais surtout aussi une certaine capacité à surmonter la nature de ce double dont j’ai parlé tout à l’heure. C’est pourquoi le Russe sera appelé à fournir les impulsions les plus importantes à l’époque où cette nature du double devra définitivement être combattue, dans la sixième période de civilisation postatlantéenne.
Mais il y a un lieu à la surface de la terre qui présente la plus grande parenté avec ces forces. Lorsque l’homme s’y rend, il entre dans leur domaine d’influence ; dès qu’il le quitte, il n’en est plus ainsi, car il s’agit de caractéristiques géographiques, non pas ethnographiques ou nationales, mais purement géographiques. La région où ce qui afflue depuis le bas exerce la plus grande influence sur le double, et où cela se communique donc aussi de nouveau à la terre, du fait que cela s’apparente le plus chez le double à ce qui émane de lui, est la région de la terre où la plupart des montagnes ne sont pas orientées transversalement, d’Ouest en Est, mais où les montagnes sont principalement orientées du Nord au Sud – car cela est également en lien avec ces forces – et où l’on est proche du pôle nord magnétique.
C’est la région où, sous l’effet des conditions extérieures, se développe avant tout une parenté avec la nature méphistophélique ahrimanienne. Et beaucoup, dans l’évolution de la Terre qui poursuit sa marche en avant, est dû à cette parenté. L’homme n’est pas en droit, aujourd’hui, de passer par l’évolution de la Terre en aveugle ; il doit percer à jour ces liens entre les choses. L’Europe ne pourra établir des rapports justes avec l’Amérique que si ces circonstances peuvent être percées à jour, que si l’on sait quelles limitations d’ordre géographique viennent de là-bas. Sinon, si l’Europe continue à rester aveugle à ce propos, il en ira de cette pauvre Europe comme il en alla de la Grèce par rapport à Rome. Il ne faut pas qu’il en soit ainsi ; il ne faut pas que le monde soit géographiquement américanisé.
Mais ce point demande tout d’abord à être compris. Les choses ne doivent pas être prises aussi peu au sérieux qu’elles le sont fréquemment aujourd’hui. Car voyez-vous, les choses reposent sur des fondements profonds, et il faut aujourd’hui des connaissances, et pas seulement des sympathies et des antipathies, pour pouvoir prendre position dans le contexte dans lequel l’humanité actuelle est placée d’une manière si tragique. Ce sont là les choses que nous pouvons discuter encore plus en détail ici ; dans les conférences publiques, elles ne peuvent qu’être évoquées. Hier, j’ai attiré l’attention sur la nécessité que ce qui est appelé science de l’esprit pénètre vraiment aussi dans les idées sociales et politiques. Car les efforts de l’Amérique visent à tout mécaniser, à tout faire entrer dans le domaine du pur naturalisme, à effacer peu à peu de la surface de la terre la culture de l’Europe. Elle ne peut pas faire autrement.
Ce sont là évidemment des concepts géographiques, non des concepts se rapportant aux peuples. Il suffit de penser à Emerson pour savoir qu’il n’est en rien question ici de la caractéristique d’un peuple. Emerson était justement un homme entièrement pénétré de culture européenne. N’est-ce pas, ce sont là deux pôles opposés qui se développent. Sous des influences comme celles que nous avons caractérisées aujourd’hui se développent des hommes tels qu’Emerson, qui opposent au double toute la plénitude de leur humanité, ou bien il se développe des hommes tels que Woodrow Wilson, qui ne sont qu’une enveloppe du double, à travers lesquels le double lui-même agit avec une force toute particulière, des hommes qui, pour l’essentiel, sont en fait des incarnations de ce qu’est la nature géographique américaine.
Ces choses ne sont pas en lien avec une sympathie ou une antipathie quelconques, ni avec un quelconque attachement à un parti ; elles émanent simplement d’une connaissance des causes plus profondes de ce que les hommes traversent dans la vie. Mais cela contribuera très peu au salut de l’humanité si l’humanité ne veut pas créer la lumière sur ce qui agit en réalité dans les choses. Aujourd’hui, il est indispensable de renouer avec certaines choses qui durent être arrachées, justement au commencement de cette nouvelle époque, quand on barra la route vers l’Amérique. Et je voudrais vous présenter comme un symbole ce que vous pouvez si souvent vivre et ressentir ici, comme un symbole, je voudrais vous présenter des hommes tels que Gall. Ils durent se donner un terrain pour leur action au moyen de la clôture qu’ils ont érigée. Il faut comprendre de telles choses.
Seule la science de l’esprit permettra une véritable compréhension de l’histoire. Mais vous voyez : les préjugés, évidemment, surgiront les uns après les autres. Car comment pourrait-on penser autrement que de croire que les connaissances commencent elles aussi à devenir partiales ! Or ce fut là l’une des lâchetés en raison desquelles certaines confréries occultes ont gardé le secret sur ces choses. Elles ont gardé le secret pour la simple raison que la connaissance est souvent inconfortable pour les hommes, ils ne veulent pas devenir pleinement humains, en particulier ceux qui ont des dispositions à se relier aux émanations des lieux géographiques.
Rudolf Steiner, "DERRIÈRE LE VOILE DES ÉVÉNEMENTS", 9 conférences faites à Saint-Gall, Zurich et Dornach du 6 au 25 novembre 1917.
L’Amérique a-t-elle vendu son âme à une entité obscure ?
Rudolf Steiner identifiait en Ahriman l’esprit du matérialisme absolu, un être dont l’influence s’étend sur la technologie, l’économie et même la structure même de l’âme humaine. Cette entité ne cherche pas à nier le divin, mais à le pervertir, enfermant l’humanité dans un monde où seule la réussite matérielle compte, où la spiritualité est reléguée au rang de superstition. L’intelligence y devient froide, purement calculatrice, détachée de toute sagesse véritable.
Le projet d’Ahriman ne s’arrête pas à l’enrichissement ou au contrôle économique. Son influence façonne un monde où l’homme n’est plus qu’un rouage dans une machine gigantesque, soumis aux lois du profit et de la rentabilité. La science et la technologie, jadis instruments de connaissance, se transforment en outils de domination. Intelligence artificielle, transhumanisme, surveillance numérique : autant de manifestations de cette emprise qui coupe peu à peu l’être humain de son essence spirituelle.
Le projet d’Ahriman ne s’arrête pas à l’enrichissement ou au contrôle économique. Son influence façonne un monde où l’homme n’est plus qu’un rouage dans une machine gigantesque, soumis aux lois du profit et de la rentabilité. La science et la technologie, jadis instruments de connaissance, se transforment en outils de domination. Intelligence artificielle, transhumanisme, surveillance numérique : autant de manifestations de cette emprise qui coupe peu à peu l’être humain de son essence spirituelle.
Steiner annonçait un événement troublant : l’incarnation physique d’Ahriman en tant qu’Antéchrist, un maître de l’illusion qui œuvrerait dans l’ombre pour soumettre définitivement l’humanité. Loin des représentations caricaturales du mal, son pouvoir résiderait dans la maîtrise des forces invisibles, l’exploitation du magnétisme terrestre et le contrôle des consciences par des moyens technologiques insoupçonnés. Et si cette prophétie était déjà en train de s’accomplir sous nos yeux ?